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flent, ils font un tapage d’enfer, enfin ce sont des brutaux. Ils respectent le soldat, sans cela il y aurait toujours ici des querelles. »

Figures et poses involontairement comiques de bravaches et de matamores dans les rues. — Plus souvent encore, la suffisance heureuse d’Acaste, dans Molière :

J’ai du bien, je suis jeune, et sors d’une maison
Qui se peut dire noble avec quelque raison…
Et l’on m’a vu pousser, dans le monde, une affaire
D’une assez vigoureuse et gaillarde manière…
Je suis assez adroit ; j’ai bon air, bonne mine,
Les dents belles surtout, et la taille fort fine.
Quant à se mettre bien, je crois, sans me flatter,
Qu’on serait mal venu de me le disputer.

Le gentleman manque en France ; voyez tous ces gros personnages, fonctionnaires et propriétaires, qui viennent au débotté nous solliciter pour leurs fils, demandant qu’on prive autrui d’une place pour la leur donner[1]. Tout cela impudemment ou délicatement, ce n’en est pas moins de-

  1. Il y a de bonnes comédies : tel père veut amener d’avance son fils à l’hôtel pour l’habituer à la figure du colonel. Un autre dépose en cadeau pour les examinateurs des bouteilles d’huile chez le portier de l’hôtel. — Nous avons dû les renvoyer au commissaire de police.