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les cheveux un peu retroussés, le nez écourté légèrement, l’oreille jolie, les yeux provocants indiquent l’emploi de ces beaux corps.

Abraham Bosse (xviie siècle). Un Ballet sous Louis XIII. — On sent dans le costume un reste de la parade du Matamore et de la rudesse du cavalier des guerres civiles. — Cette rudesse apparaît en plein dans un Bal à la cour des Valois. Les cavaliers empoignent la femme à plein corps pour la faire sauter, comme dans les bourrées de village. Assis, ils la mettent entre leurs jambes et entourent sa taille de leurs bras. Toutes les figures d’hommes sont celles de gaillards actifs, bornés. L’un, vu de dos, tournant la tête de profil, est barbu, moustachu, légèrement rougeaud ; l’autre, tout en soie blanche et fraise énorme avec perles aux oreilles et figure en pointe à la Henri III, est un raffiné assassin, gaillard et cruel comme Coconas ; ils sont découplés comme des lévriers, et le costume aide à l’effet : tout collant, il montre les formes, fait saillir les muscles et sentir la force et l’agilité du corps ; il est excellent pour sauter, lutter, se fendre à l’escrime ; le pourpoint épais,