Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bilité, de simple chair vivante, sont : le petit nez retroussé, petite boule de chair, rouge de l’afflux du sang, la peau si mince qu’elle semble absente. — Le front absolument lisse, sans l’apparence d’un pli ou d’une ride, gras, luisant, bombé, la chair recouvrant tout ; la surface également lisse pour tout le visage, toute couverte végétativement de chair ; la mollesse de cette chair où le simple attouchement d’un doigt ferait une fossette ; il n’y a que la plénitude de la vitalité naissante qui puisse gonfler et soutenir une pulpe si ployante, et si imprégnée d’humidité. — La minceur de la fente légèrement obscure qui marque la fermeture des paupières ; les cils blonds sont imperceptibles et à peine nés. — Le rose empourpré, lymphatique et sanguin, gras et presque fluitant de toute la face, sur le blanc cru et le grand pli du linge qui l’enveloppe tout entier. — Enfin l’aspect tout flamand, le visage de brebis pacifique de la jeune mère ; le calme de génisse flamande de la femme d’âge moyen qui tient une lumière.

L’impression dominante est partout ici que le vrai peintre est un simple faiseur de corps. Le