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d’un temps, en face de la littérature ou de l’art des pays méridionaux, mes sens sont blessés ; il me faut une légère couche d’humidité imperceptible qui adoucisse la brûlure de leur âpre soleil.

Marché aux chevaux de Wouwermans. — Le grand espace bien ouvert du ciel et de l’air est rempli par une brume fine imprégnée de soleil ; et les bons et braves chevaux aux robes brunes ou blanches dressent leurs têtes ou font reluire leurs corps bien nourris. — Tous les seigneurs ont des vêtements de velours ou de soie jaune clair, feuille-morte, à rubans, à galons, à nœuds de satin, avec de grandes bottes évasées, quelque chose de magnifique et de décoratif. Chapeaux à larges bords, épées, perruques, manchettes de dentelles. Air un peu lourd ; les femmes, dans leurs jupes de satin blanc, sont empesées. Mais comme c’est là la fin de la chevalerie et la grande vie seigneuriale que peignent les Mémoires de Bostaquet ! Quelle parade que cette vie ! Quel bonheur simple dans cette absence d’idées et