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que crinolines et habits neufs dans le parc. » — Il paraît que la crinoline et l’ajustement tournent la tête de toutes les femmes ; les maris ont des appointements de dix-huit cents, deux mille, trois mille cinq cents francs ; un seul a quatre mille francs ; on doit rogner sur le bœuf et le potage pour fournir aux rubans. — Il faut voir les têtes des vieux professeurs ! Mais songez aux misères universitaires. Souvent, ces têtes ne sont si ridicules que parce qu’elles ont subi une longue averse de malheurs.

Un trait curieux, qui marque l’engourdissement de la province, c’est l’engourdissement des élèves eux-mêmes. Ils sont ternes, n’ont pas l’air de sentir, ne se secouent pas au tableau. X…, qui est de bon sens et judicieux, me cite un nouveau venu arrivant de Paris, qui au tableau s’agite, se disculpe, dit : « C’est singulier, je suis tout incapable aujourd’hui. » Bref, il se défend tout en faisant le modeste en public. C’est qu’à Paris l’amour-propre est un grand excitateur.