Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/357

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sentiment de docilité, un besoin de conformité, une habitude prise, un certain contentement de la raison raisonnante qui voit une belle machine, une organisation régulière, une représentation décente, et l’unité telle que la prêche Bossuet. En somme, il y a là un corps puissant, bien discipliné, qui donne des places, et dont le but est d’obtenir l’obéissance.

Je lisais dans une auberge des Vosges un rapport de Mgr de Ségur sur les progrès de telle association. Les prêtres se vantent d’avoir eu tant de communions pascales à tel endroit, etc… Les subordonnés font des rapports et des statistiques ; ils avancent suivant leurs conquêtes ; l’esprit est celui d’acquisition et de domination.

Peut-être faut-il dire que nous sommes encore des Gaulois, avec des druides indestructibles, un Vercingétorix de hasard et une administration hiérarchique importée par Rome.

Ce qui manque le plus en tout genre d’action, ce sont des chefs, des conducteurs. Presque tous les gens que je vois ne font rien ou travaillent mal, faute de guides ; c’est l’infinie