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Quelques figuiers verts, tachés de figues violettes, des grenadiers, de petits arbustes, croissent çà et là entre les débris. Une ligne de chapiteaux cassés, de fûts de colonnes, de marbres ébréchés, marque le rebord de la scène. Il semble que tout ait été pilé. Dans l’énorme mur de la façade, on distingue une colonnette d’ornementation engagée dans un creux ; de loin en loin, les points d’attache de quelque péristyle de marbre ; deux ou trois élégantes petites roses. Rien n’a subsisté que ce qui était engagé dans la serre indestructible du pesant moellon.

Du figuier au centre, vers l’Orient, on aperçoit, béant, le triple étage des voûtes croulantes, l’azur lumineux coupé et déchiré par leurs courbes ou leurs crevasses, une sorte d’échafaudage branlant, disjoint, panaché d’herbes pâles et de graminées séchées. Plus à droite, la haute muraille tournante de l’enceinte extérieure, seule et sans appui, contre le saphir ardent du ciel. Plus haut encore, la croupe de la montagne grise et fauve, et tout au sommet des débris informes, la ruine du