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sait face aux spectateurs, a de trente-quatre à trente-six mètres de haut. C’est un prodigieux mur droit, rougeâtre, lézardé, formé de grands moellons gros comme le corps d’un homme. En face, adossés à la montagne, qui épargne les substructions et forme un amphithéâtre naturel, sont les gradins circulaires étagés, couverts de terre, sauf les cinq premiers rangs, mais de telle sorte que la forme des gradins est encore visible. — Trois rangées d’arcades superposées, et au-dessus un très haut mur avec les trous très nets où s’inséraient les poutres de la charpente qui faisaient le paradis, les septièmes loges.

Le gardien, qui a soixante-quinze ans, est là depuis l’âge de douze ans ; il l’a vu nettoyer sous Charles X par M. Caristie, purger de ses baraques et de ses trois cent quatre-vingts habitants ; d’en bas, lieu de la scène, il déclame des vers sur les Ruines, de Legouvé et de Chênedollé (qu’il croit vivant et de l’Institut) ; du plus haut des gradins, on les entend très distinctement, aussi nettement qu’au Théâtre-Français. Cela donne une idée bien juste de la