Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/318

Cette page a été validée par deux contributeurs.

par des mufles de lion et des têtes de chèvre. Un Christ assis, sec, hiératique, aux genoux saillants, aux pieds maigres, siège au-dessus de la porte entre deux anges et des animaux symboliques, grimaçants, qui lui apportent l’Évangile. Toute la courbure de la voûte au-dessus de sa tête se bosselle, hérissée de bustes et de têtes ailées d’anges en double rangée, parmi des arabesques fouillées et riches, pendant qu’à ses pieds, sur les deux flancs et jusqu’en bas, courent par centaines les processions de saints sculptés, inertes, monastiques, comprimés, dans l’attitude extatique. Rien de plus riche, de plus plein pour l’œil que ce hérissement de feuillages et de figures. Ce caractère multitudinous est une des grandes inventions du génie du Moyen âge.

Les deux flancs ont un revêtement pareil à une des chaires de Saint-Nicolas de Pise. D’un côté, les damnés nus s’éloignant de Dieu, liés par une longue chaîne de fer et poussés par un démon à figure ignoble de truand gouailleur ; de l’autre, la grave file des saints et des saintes, en longues draperies comme des figures anti-