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de la route, des herbes aromatiques, aux longues tiges, font dans les fossés un doux cordon bleuâtre. Les maisons elles-mêmes, blanches et neuves ou vieillies et peintes en grisailles incertaines par la pluie de l’hiver, les toits d’un rouge pâli, les vieilles murailles grisonnantes des fermes, marbrent ces tons doux de leurs tons ternes. La lumière universelle joue seule dans l’espace, sans contrastes et sans limites. Au-dessus de tout, le ciel étend son azur pâle, soyeux, en dégradations imperceptibles qui vont finir dans le bleu de la clarté pure, et tout le haut de sa coupole est rayé de fils ténus, de minces nues étirées comme des gazes diaphanes, sorte de cocon blanc qui semble prêt à s’envoler, tant il est fin.

Très curieuses murailles, presque aussi intactes qu’au premier jour. La ville y est enfermée tout entière, elles la protègent contre les inondations ; et, du haut de la tour de Constance, cette multitude de toits bas, enfermés dans ce haut carré de pierre, semblent des dames dans un damier.

Même sorte de fortifications qu’à Carcassonne