Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/307

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CETTE


Promenade en barque à huit heures du soir, seul, sur l’étang de Thau qui est derrière la ville. — Cet étang est un lac large d’une lieue, long de trois, et laissé par la mer. Les nuages ont monté et couvrent tout le ciel ; de temps en temps la lune affleure entre leurs déchirures ; elle va guéant ainsi de fente en fente, éteinte presque aussitôt qu’apparue, et versant pour une minute un faible ruissellement d’argent sur le flot sombre. On démêle pourtant la rondeur et l’énormité de la coupole céleste. La terre à l’horizon n’est qu’une petite bordure charbonneuse ; l’eau mouvante et la brume humide, au-dessus les grands corps opaques des nuages blafards, occupent tout l’espace.