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ruissellement du soleil, écorchées et rongées par le temps, incrustées par l’ocre des lichens, trouées par le vent et la pluie, hérissent magnifiquement leur ligne bossuée, leur ruine aventureuse, leurs écroulements bizarres, leurs parois rugueuses ; la lumière accrochée aux pointes saillantes, aux bosselures polies, rejaillit du milieu des crevasses noires ; des herbes sèches pendillent aux créneaux disjoints ; une tour carrée perpendiculaire monte raide dans le bleu au milieu des blocs démantelés. La nature a repris pour soi la bâtisse humaine, elle se l’est harmonisée, elle y a versé son pêle-mêle, ses hasards, son fantastique, la variété nuancée de ses formes, et la riche plénitude de ses teintes.

Jolie église Saint-Nazaire ; la nef avec cintres à peine ogivaux est romane ou presque romane. — Le chœur est postérieur, tout illuminé d’anciens vitraux et de superbes fenêtres. — Toujours la même idée : faire du chœur une image du paradis rayonnant et de