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s’élève la cité flanquée de sa double enceinte de murailles féodales, formidable rempart bosselé de tours, hérissé de créneaux, de mâchicoulis, tout noircis par le soleil. On y grimpe par des pentes raides de petits cailloux inégaux et durs, où ne pouvaient monter que les chevaux des hommes d’armes ou les charrettes à bœufs du Moyen âge. — Étroites poternes enserrées de tours énormes, lourds porches ogivaux ; çà et là seulement, une ou deux courbes élégantes de meneaux fleuronnés ou quelque fenêtre en arcades, portée sur de fines colonnettes. — Tout cela est rude, menaçant et sombre. — Les gens vivaient ici comme dans une aire, contents de n’être pas tués ; c’était là tout le luxe aux temps féodaux. Les tours sont à deux ou trois étages, chaque étage et chaque tour pouvant être défendus isolément, chaque enceinte exigeant son siège. Ouvertures pour lancer des traits d’arbalète, fentes de mâchicoulis pour écraser l’ennemi avec des moellons, percées pour verser le plomb fondu et l’huile bouillante, escaliers trompeurs et sans issue pour engager l’ennemi dans une sorte de puits où