connu : ils copiaient les figures environnantes qui leur plaisaient, et atteignaient une chose exquise, l’originalité, l’individualité. On croit à l’Être de ces personnages et à leur âme. Presque toutes les figures de femmes ont ce degré d’intelligence féminine et limitée, si commun en France, un petit bourrelet de chair sous le menton, un nez pointu, des mains fluettes, trop osseuses et sillonnées de tendons ; c’est le type moderne, et peut-être la vraie route de la sculpture était-elle là. Ce qui est un chef-d’œuvre partout, c’est la profonde étude, l’invention si originale, si riche, et l’agencement si senti des draperies par un mélange spontané de toutes sortes de costumes, antiques, féodaux, provinciaux. — De même en Italie et en Allemagne, les eaux-fortes de Pollajuolo, Mantegna, Albert Dürer. — Très grand et très profond sentiment dans les seize figures noirâtres de moines accroupis, laids, angoissés, écrasés par leur grand manteau, dans l’accablement de la prière et de la crainte religieuse. Ce sont des débris d’hommes perdus sous le froc, se rapetissant sous l’effroi des vengeances divines.
Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/285
Cette page a été validée par deux contributeurs.