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Quelque chose de fin, de gracieux, aucun grand caractère, mais des bouquets de verdure, de jolies rivières, un agréable mélange de cultures diverses, des villages bien posés.

Vers le Mans et un peu avant, tout change. Le pâturage commence : les prés, comme en Normandie, sont entourés de hautes haies vives, pleines de grands arbres, chaque pré est ainsi dans son cadre ; les routes serpentent, bordées d’un fourré épais, plus basses que les terres, ravinées l’hiver par la pluie. Ce vert vivant, dans le beau soleil, est charmant ; on se sent une autre âme qu’en Flandre.

Le Mans est fort laid. Même contraste que dans tout le centre entre le pays et les habitants. Quelques restes d’antiquité font plaisir ; une promenade de vieux arbres, çà et là une grosse charmille qui bombe, une église à deux clochers ardoisés, simple et grave comme une religieuse. Mais partout éclatent la négligence, les disparates, le manque de soin ; on sent l’état politique qui plaque l’administration sur la