qui avait la fièvre, assise immobile auprès de la fenêtre, dans la cuisine de l’auberge, la tête appuyée sur son fin poignet, silencieuse, les yeux un peu cernés, jaune comme la cire nouvelle, semblable aux religieuses de Delaroche dans son tableau de la Cenci. Sa cousine qui nous servait à table a le menton le plus fin, les plus délicates attaches, l’air le plus pudique, la voix la plus doucement timbrée. — Tranquillité et justesse dans tout ce qu’elle dit, dans tout ce que dit la maîtresse de l’auberge. On apprend le français dans les écoles, de sorte que c’est une langue littéraire ; elles la parlent avec une pureté charmante, sans aucun accent de terroir.
Placidité d’animal, et délicatesse de mystique, voilà deux traits saillants et fréquents.
Dans les jeunes filles, dans les paysannes surtout, le visage n’a pas un pli ; c’est la candeur des madones du Moyen âge. Le teint pâle, transparent, est celui d’une fleur de forêt, abritée, rafraîchie éternellement par l’ombre. Le plus grand nombre des visages est irrégulier, un grand nez, une bouche mince ; c’est