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et abreuve plantureusement la riche terre fécondante. Un ciel gris chargé de nuées fondantes pèse sur cette terre moite, la lumière tamisée se distille en fines ondées sur une haie lointaine, un bout de prairie, et une chaude vapeur incessante relie le ciel et la terre. Parfois à l’horizon, entre les cimes vertes immobiles des peupliers, un pan de ciel violacé, presque noir, fait ressortir plus vivement la jeunesse et la fraîcheur des verdures illuminées. L’averse vient et la rivière semble bouillir sous les grosses gouttes de pluie innombrables ; puis le nuage égoutté s’éloigne et de vagues brumes blanches traînent aux arbres comme une mousseline déchirée, jusqu’à ce qu’un violent coup de soleil allume une vie éblouissante dans les herbes et dans les buissons ruisselants de perles blanches.




Conversation avec deux officiers. Ils me disent que le métier pour eux n’est plus supportable, que