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comprendre ; — par exemple, la jeune femme drapée au coin gauche du tombeau de Marguerite de Bourgogne, grande, à demi penchée, de longs bandeaux de cheveux jusque sur les joues, résignée, délicate, a un air d’étonnement triste et la profonde et pensive expression d’une jeune fille aristocratique et moderne. — Une autre à côté, le pied sur un monstre hurlant, ses grands cheveux épars, prie, les mains jointes ; elle est plus âgée, c’est une femme noble et forte, sûre d’elle-même et qui a supporté la vie.

Dans l’étage inférieur du tombeau, il y a une quantité de figures qui sont de petits chefs-d’œuvre. — L’une, toute enveloppée d’une camisole par-dessus une longue robe à plis, la tête dans un large béguin, un peu boudeuse et flegmatique à la flamande, est cependant bien aimable dans sa langueur calme ; tout à côté, une grondeuse de trente-cinq ans, à menton pointu, à robe décolletée en carré et long bonnet normand à queue ; — à l’autre coin, une toute naïve et virginale, l’air étonné, délicieuse sous sa coiffure moyen âge à larges coques des deux côtés de la tête ; — une autre à coiffure pareille, la