Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/199

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et comme une pluie d’éclairs. C’était un regard soudain, une mutinerie, une mièvrerie d’enfant, d’un dieu enfantin qui rit en liberté. Au delà de cette plaine de vignes si vertes, et d’arbres épars tout reluisants et tout étincelants, on voyait des collines bleuâtres qui portaient leur forêt jusqu’au bord du ciel, une sorte de cirque d’ancêtres végétaux plus serrés et plus sévères, heureux pourtant sous la gaze de vapeur dorée, et qui, dans l’enceinte dont ils occupaient les plus hauts gradins, regardaient leurs enfants, toute la jeune et élégante postérité de plantes civilisées et fructueuses, se mêler, se ranger, s’étaler en groupes, chacun sous sa couronne de fleurs avec sa gerbe de grappes ou sa corbeille de fruits.