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rament froid ; dans le Midi, le génie de l’improvisation, la hardiesse, le brillant, tout ce qui se rattache à l’action et à la sensation vive. Or le naturel de la femme est celui de l’homme avec un degré plus grand de sensibilité, d’improvisation, d’émotion, d’invention, de convoitise nerveuse. D’où il suit qu’elles tombent plus bas et dans une dépendance plus grande dans le Nord où ces qualités sont moins utiles, et que, par suite, elles montent plus haut, jusqu’à l’égalité et à la supériorité, dans le Midi où ces qualités sont plus utiles. Une femme d’intrigue et de salon à Paris, aujourd’hui ou sous Louis XV, ou bien encore la Sanseverina de Stendhal[1], est égale ou supérieure en influence à n’importe quel homme. Au contraire, une femme dans le Nord se trouverait dépaysée pour le commandement de cinquante commis, pour supporter de sang-froid une banqueroute, raisonner tarif, douane, économie politique, etc. La vie et le naturel du Midi étant plus féminins, les femmes sont sur leur terrain et commandent.



  1. Dans la Chartreuse de Parme.