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POITIERS


J’ai trouvé la ville si laide, si déplaisante à habiter, il y a douze ans ! Aujourd’hui elle m’amuse. Sur la montagne, avec ses rues tortueuses, ses bâtiments de tout âge et de toutes formes, empilés bizarrement, elle fournirait tous les vingt pas un motif de tableau à un peintre.

Rien de plus inhospitalier, de plus fermé au monde ; la plupart des maisons bourgeoises sont complètes, chacune avec son jardin, ses dépendances, le tout clôturé de hauts murs, avec une porte redoutable.

Un ami de ma famille, M. N…, avocat qui songe à être magistrat, vient me trouver à l’hôtel. Il a trente ans et il a l’air d’en avoir quarante. Il n’a