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sive, en sorte que chaque maison a plusieurs étages de greniers.

J’ai parcouru quantité de petites rues. C’est toujours le même aspect ; les demeures de bourgeois insoucieux des choses du dehors, aux sens rouillés et rudes. — Les brasseries sont leur rendez-vous ; presque tous y vont passer la soirée, même les gens bien élevés. — Ils consomment beaucoup. Rien de moins élégant que ces entassements d’hommes en blouse et en habit, de toutes conditions, sous la lumière crue du gaz, dans un nuage de fumée épaisse, au ronronnement d’une conversation assourdissante, crachant, pipant, s’accoudant, se serrant, buvant, et par la vapeur des corps pressés se tenant chaud les uns aux autres. Les plus raffinés traversent cette cohue et vont dans une salle au-dessus. Au café de John Cade, le plus monumental d’aspect, dans une salle énorme et haute (probablement le reste de quelque édifice), les blouses coudoient les habits.

Il m’est resté dans l’esprit plusieurs intérieurs et types isolés. Pourquoi ceux-ci, je ne sais : d’abord dans un restaurant où j’ai dîné, la