Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/151

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’ordre ; ils vivent à trois, avec six cents francs chacun, dans une école de village ; ils ont de plus les cadeaux, le logement, le mobilier, etc… L’un d’eux est frère servant. Pas de dépenses, pas de plaisirs ; et le point d’honneur c’est d’envoyer le plus d’argent possible à la caisse. M. Rouland déclarait que telle année les frères avaient fait 800 000 francs d’économies, et qu’il avait été obligé de leur permettre d’acheter des biens-fonds. — Le frère Philippe, à Toulouse, est une sorte de roi.

Pas une pension de jeunes filles ici, rien que des couvents ou des maisons religieuses d’éducation. Par la femme, le clergé tient la moitié de l’homme. De plus, quand une jeune fille est riche, on tâche de se l’attirer, de lui faire prendre le voile. Et un esprit est si flexible, une tête si chaude, à dix-huit ans ! Ces captations d’héritières me reviennent de vingt endroits.

Considérez que le goût que nous avons pour les idées, notre zèle spéculatif, nos curiosités parisiennes, notre philosophie et notre libéralisme, tout cela est une occupation de quelques