Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’elle en aura cinq cent mille lorsque le canal de Suez sera achevé. Elle croît tous les jours, on bâtit, on perce partout, on abat des pans de collines, on fait de nouveaux ports ; je l’ai vue il y a quatre ans, c’est à ne pas la reconnaître. Même changement qu’à Paris : maisons monumentales, sculptées, toutes neuves et splendides, à sept étages, beaucoup plus vastes et magnifiques qu’à Paris ; je n’en ai vu de pareilles qu’à Londres.

On a fait un canal qui a coûté quarante millions ; il amène ici, par les plateaux, l’eau de la Durance, arrose tout Marseille, et de plus fertilise tout le pays par lequel il passe. Il fournit assez d’eau pour donner trois cents litres par jour à chaque habitant, même quand la ville aura cinq cent mille âmes. L’eau vient dans les maisons, court dans les ruisseaux. Beaucoup de rues sont arrosées tout entières, tous les jours.

Magnifique port de la Joliette ; puis port Napoléon, que l’on construit. Allées de platanes de tous côtés. Quantité de maisons de campagne neuves, sur tout le rivage et sur toutes les hauteurs. — Des quarante mille hectares de la Crau,