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du pur roman et encore tout latin ; à ce titre, l’esprit en est intéressant ; c’est la limite de deux arts. — Voici ce qui est latin : toutes les arcades circulaires à plein cintre, aucune ogivale ; la voûte principale elle-même cintrée par des arcs semblables ; les piliers carrés, sans ornements, ayant seulement sur le devant une colonne demi-saillante qui monte pour expliquer et soutenir la voûte supérieure. Partant, une grande impression de solidité, quelque chose de simple, de sain, de serein, qui par sa régularité et sa force paisible rassure l’esprit.

Le passage d’un art à l’autre se voit dans l’altération des chapiteaux : quelques-uns gardent l’acanthe grecque ; mais la plupart ont déjà des feuilles transformées, ou un lacis barbare de mailles et de petits animaux entremêlés les uns dans les autres.

Cinq voûtes et nefs ; à mesure qu’on approche du mur latéral, chaque voûte baisse de hauteur. Les fenêtres sont de médiocre grandeur, les murs sont très épais ; point de vitraux. Cette abondance de formes rondes et de belles structures antiques est très noble, et la transformation