Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

culottes, à leurs bas, à leurs souliers, à leurs chapeaux, à leurs pipes, et à tous les accessoires dont ils sont environnés ! Il peint leur moral avec autant d’exactitude que leur physique. Leurs passions, en effet, ne devoient pas avoir la même physionomie que celle des autres hommes. Dans ses tableaux on les entend raisonner, se disputer, politiquer ; on voit la santé de leur âme entretenue par les pots de bière dont ils sont entourés. Lorsqu’il les a peints jouant aux cartes, avec quelle justesse et quelle chaleur il a saisi l’espèce d’expression de cette espèce de joueurs ! Il sait distinguer les différens états des habitans des campagnes, et les nuances y sont clairement senties, depuis le mendiant jusqu’au seigneur de la paroisse. Dans ses Fêtes de Village, comme il a bien rendu la différente gaieté des différens personnages ! Le paysan aisé n’y danse pas comme le pauvre manœuvre, et il n’est pas jusqu’au magister du hameau qui n’y rie à sa manière.

Ses tons de couleur sont vrais et riches, vigoureux et argentins ; ses tableaux sont toujours harmonieux, sans affectation de sacrifices. Dans les scènes d’intérieur, dans celles qui se passent en plein air, le clair-obscur