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sique, faisant facilement des tableaux que l’on payoit bien, et que l’on vantoit davantage, époux d’une belle femme qui le rendit père de beaucoup de jolis enfans, il a peint ce qu’il sentoit, ce qu’il voyoit chaque jour, et il trouva dans sa famille et son bonheur et ses modèles. Il a une couleur qui, souvent vigoureuse, est toujours très-agréable ; son clair-obscur est foible : dans sa manière de draper on voit plus de goût que d’imitation de la nature. Il a beaucoup moins employé les lignes droites que les lignes brisées, plus faites pour les grâces que pour les choses d’un caractère mâle.

La plupart de ses sujets sont placés dans des paysages qui, sans être d’une extrême vérité, plaisent beaucoup par les belles formes de leurs sites délicieux ; l’on voudroit toujours être du nombre des acteurs des tableaux de l’Albane. Ses compositions ingénieuses sont remplies d’une poésie douce, et s’il ne fut énergique et sublime en rien, il fut aimable partout. Ses figures de femmes, très-séduisantes, n’ont point cette coquetterie qui n’est que de l’artifice ; elles ont celle que donne quelquefois la nature. Il a peint les enfans avec beaucoup d’agrément et de vérité : cependant il faut en