Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Son dessin est noble ; il le forma d’après les beaux tableaux, les belles statues qu’il vit en France, et d’après les gravures des ouvrages de Raphaël. Les formes qu’il adopta, meilleures que celles du Vouet, son maître, y ressemblent cependant ; elles ne sont pas tout-à-fait celles de la nature, ni celles de Raphaël ou de l’antique ; elles tiennent de toutes ces sources, et elles ont un caractère nouveau, grand, aimable, mais qui, n’ayant pas assez de vérité, dégénère un peu en manière.

Si le Sueur eût vu la riche Italie, s’il n’eût pas été forcé de faire des tableaux avec trop de rapidité, et surtout s’il eût assez vécu pour faire de plus longues études, à quel degré de perfection n’eût-il pas porté le dessin. Les expressions de ses têtes sont nobles et justes, mais elles auroient bien plus d’énergie si son dessin étoit plus terminé et plus vrai ; par cette raison, ses dispositions générales et les attitudes de ses figures touchent plus que les expressions de ses têtes. Il est un de ceux qui ont le mieux agencé les draperies : on ne peut faire un plus beau choix de plis ; les formes en sont grandes avec finesse, légères avec grandeur. Il ne se traîne point en esclave sur les traces des sculpteurs antiques : sa manière