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nouvelle physionomie, et y acquit bien plus de puissance, par tout ce qui se présentoit chaque jour à ses yeux, et par les belles occasions qu’il eût de déployer la vigueur de son sentiment et la profondeur de son savoir ; il y conduisit des élèves qui, déjà très-distingués dans l’École de Bologne, déjà très-habiles, et le devenant davantage par les études qu’ils firent à Rome, y répandirent cet éclat, un des plus brillans qui ait éclairé l’Europe, depuis la renaissance des arts en Italie.

Bien peu d’artistes ont réuni plus de parties de la peinture qu’Annibal Carrache ; la connoissance de l’anatomie, et des formes des statues antiques, est la base de son talent : son but principal fut, sans doute, de rendre la nature avec le plus de beauté et de grandeur possible, mais son but se montre trop souvent, et c’est une des choses qui le caractérisent. Il semble avoir suivi, dans ses études, la même marche que Michel-Ange : ils parlent la même langue, ils s’expriment différemment. Ses formes sont imposantes ; son style a de la fierté ; mais on ne peut pas dire qu’il soit terrible ; il avoit dans l’âme assez d’élévation pour arriver au grand et au beau, pas assez pour atteindre au sublime. Comme sa gran-