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paysages de Ruisdael offrent souvent de semblables retraites, où l’on voit peu de figures ; c’est pour cela que l’imagination s’y promène peut-être avec plus de plaisir, et se plaît à les peupler à son gré. Il aimoit à peindre ces coins de bois mystérieusement éclairés, favorables aux rêveurs amans et philosophes, où l’on se repose avec un livre, bientôt laissé pour les pensées auxquelles on se plaît à s’abandonner : ces lieux sont presque toujours divisés, enrichis par de limpides ruisseaux qui, dans leur marche lente, s’embellissent de l’image du ciel qui les éclaire, et de celle des terrains et des arbres dont ils entretiennent la fraîcheur, et qui les garantissent des feux dévorans du soleil. Quelquefois des canards, des oies, des cygnes argentés viennent sur ces mers pacifiques, entreprendre des voyages qui ne sont pas de long cours.

Quoiqu’en général Ruisdael n’ait guère imité que des campagnes de peu de profondeur, il en a fait aussi dont la grande étendue est parfaitement sentie ; on conserve, au Musée Napoléon, un de ses beaux paysages, dans lequel un pont traverse une petite rivière, au milieu d’une vaste campagne.

On connoît de lui de très-belles Marines,