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Un des principaux caractères qui distinguent son talent, est donc la facilité et la hardiesse du pinceau ; un autre de ses caractères, est d’avoir fait de larges masses d’ombre, souvent trop plates, de n’avoir pas donné aux objets leur saillie et leur relief, de n’avoir pas bien senti la dégradation de la lumière et la magie du clair-obscur : une chose le caractérise encore, c’est d’avoir fait des mains trop souvent posées de la même manière, et dont les doigts sont longs et pointus ; manière que vraisemblablement il avoit prise du Tintoret et de Paul Véronèse qu’il avoit étudiés à Venise. Le Vouet n’est de la première force en aucune partie ; on ne pourroit pas le citer comme un savant dessinateur, on ne pourroit pas cependant prononcer qu’il dessinoit mal ; on en pourroit dire autant de ses compositions et de son coloris, mais ses ouvrages portent l’empreinte d’un maître très-heureusement né pour son art et formé dans de savantes Écoles ; mais il a réuni beaucoup de parties à un certain degré qui lui ont fait faire de beaux tableaux, et qui ont dû lui donner une réputation extraordinaire, dans un temps où personne, en France, ne peignoit aussi bien, et aussi promptement bien que lui.