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de présenter la nature ; mais, quoiqu’il ait peint des tableaux de chevalet, et de moyenne proportion, très-estimés et très-estimables, ce n’est pas dans cette sorte d’ouvrages que son talent doit être jugé ; c’est dans ses plafonds ; là, les erreurs de son dessin paroissent bien moins ; là, tous les objets sont vus de loin, et l’incorrection des détails est bien moins aperçue : d’ailleurs, bien que les esprits célestes soient représentés avec des formes humaines, ils sont créés par l’imagination ; ce sont des espèces de fantômes, à qui l’on pardonne plus aisément des défauts d’anatomie qu’aux solides habitans de la terre. Dans cette sorte de travaux, le talent particulier de la Fosse trouva l’occasion de se déployer entièrement ; son dessin y acquit bien plus de chaleur et de poésie, ses compositions y devinrent infiniment plus belles, plus neuves, plus convenables à ses sujets, et son exécution eut plus de feu et d’enthousiasme. Il avoit reçu de la nature un sentiment exquis pour le coloris, et pour cette espèce de coloris qui, par le choix des tons et des lumières, donne à tous les objets un air d’enchantement : personne n’a fait des tons plus forts, plus légers et plus harmo-