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cordent bien avec celles des cavaliers qui les guident. Il a peint, moins ces soldats furieux combattant corps à corps avec leur ennemi, que ces bataillons se mouvant ensemble, ces masses de guerriers héroïquement obéissantes, guidées au milieu des alarmes par un courage froid et tranquille, lançant au loin mathématiquement la mort, et la recevant de même. À la valeur de courir au-devant des périls, les soldats qu’il nous montre savent joindre celle d’attendre immobiles un trépas souvent presque assuré.

Tous ses ouvrages portent un caractère de grandeur ; il vivoit au milieu de la cour, au milieu des armées d’un grand roi ; il voyoit chaque jour flotter ses drapeaux triomphans, et l’on peut presque dire que la victoire faisoit sa société habituelle : son talent a nécessairement dû prendre une partie de l’esprit et des formes de cet héroïsme dont il étoit environné, et qu’il s’efforçoit tous les jours d’exprimer. Sur le devant de ses tableaux, il a placé, avec beaucoup d’adresse, souvent le roi, et toujours ses généraux, et ses principaux officiers : ce sont des portraits dont l’air n’est point ennuyé, et dont l’expression et les mouvemens annoncent les rôles qu’ils jouent ;