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mes ; il est savant, plein de chaleur, et correct surtout dans le mouvement des figures ; les siennes ont toujours celui qui convient à la situation où elles sont représentées. Une des parties de la peinture dans lesquelles Jouvenet a le mieux réussi, c’est l’ordonnance pittoresque ; ses compositions ont un bel ensemble, et présentent aux yeux des lignes heureusement contrastées et de larges effets de lumière et d’ombre. Quoiqu’on y trouve peut-être plus à désirer du côté de la justesse du raisonnement et de la vérité ; cependant, dans ce sens-là même, elles ont des beautés frappantes ; ses pensées sont naturelles, elles sont nobles souvent, et toujours énergiques et neuves.

Dans cette partie même, il est infiniment au-dessus de la plupart des peintres Italiens, admirables par de grandes beautés de détails, mais très-foibles, et souvent ridicules dans leurs pensées. Jusques à quand serons-nous injustes pour les hommes de mérite de notre nation ? Jusques à quand, aveugles que nous sommes, adorerons-nous des idoles étrangères, indignes de notre encens ? Jouvenet a peint plusieurs tableaux de la plus belle harmonie, et de la plus grande finesse de