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vénération. Ah ! si tous les beaux arts ne s’écartoient jamais de leur noble, de leur véritable but, ils ne chercheroient dans leurs travaux qu’à rendre les hommes meilleurs : mais hélas ! à la honte de l’humanité, combien de talens très-distingués, affectant sans pudeur des intentions toutes opposées, semblent avoir pris la corruption des mœurs pour la base de leur renommée !

Greuze étoit facile, abondant dans ses compositions ; cela se prouve, non-seulement par ses tableaux, mais par le nombre prodigieux de ses dessins répandus et estimés dans toute l’Europe. À l’ordonnance, à l’agencement pittoresque, agréable, en usage de son temps, le plus souvent employé pour les yeux seulement, il joignit de la raison et de la nature, et ne s’en servit que pour exprimer des pensées justes et touchantes. Ses ouvrages ont de la grâce dans le coloris et dans le dessin ; il avoit, surtout, celle que donne toujours un cœur aimant, une imagination aimable et vive. Comme tout homme bien organisé, très-sensible au charme puissant des femmes, il a répandu un ton de volupté sur tout ce qu’il a fait ; ce n’est pas en la présentant sous un aspect dangereux pour les mœurs ; on