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bler à nos habitans de l’Europe moderne, aussi braves et plus justes sans doute, mais polis, amollis par le luxe et les arts ? Les plus beaux arbres de nos jardins et de nos parcs peuvent-ils jamais avoir le caractère de ces noirs sapins, de ces chênes antiques nés sur des monts sauvages, dont les pieds sont arrosés par des torrens, et dont les têtes se sont élevées en bravant les tempêtes et la foudre ?

Cher et utile à tous les beaux arts, Jules Romain, par un nombre prodigieux de productions remplies de beautés d’un ordre supérieur, mérite bien la haute réputation qu’il a acquise et conservée chez les nations éclairées de l’Europe. Il est un des artistes fameux que les jeunes peintres d’histoire doivent voir davantage, non pour chercher à l’imiter, mais pour échauffer leur imagination : les poëtes aussi devroient s’entourer de ses ouvrages qui inspirent une rêverie profonde, aliment de la haute poésie.

Si le commencement de sa vie fut marqué par la tendre amitié que Raphaël eut pour lui, le reste eut l’avantage de fixer celle du marquis de Mantoue et du cardinal de Gonzagues ; et il est du petit nombre des artistes