Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des souverains peuvent à peine payer : son tableau d’Anthiope est de ce genre ; on ne sauroit analiser la cause de l’admiration qu’il excite ; elle est commandée par une harmonie, par un attrait qui séduit en même temps, et les yeux, et l’esprit, et le cœur, et qu’on ne trouve nulle part ; l’artiste qui n’en est pas subjugué peut critiquer, peut avoir beaucoup à reprendre dans le dessin ; au nom de l’anatomie, il peut faire de justes reproches, même à la belle Anthiope ; laissons-le s’applaudir de ses connoissances et de la délicatesse de son goût ; il prouve seulement que lorsqu’un ouvrage a des beautés si puissantes, peu importe peut-être qu’il ait ou qu’il n’ait pas de défauts. Tout ce qui charme le plus dans la peinture, se trouve au suprême degré dans son tableau connu sous le nom du Saint Jérôme : l’harmonie, la richesse de la couleur, la magie du clair-obscur, la justesse de l’expression, le pouvoir des grâces sont réunis dans ce chef-d’œuvre, un des plus célèbres du monde.

La Volupté, créée par les pinceaux heureux du Corrège, a une physionomie céleste ; en touchant les sens, elle inspire le respect. On croiroit qu’il ait peint l’Amour dans les pre-