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tr’ouve ces cachots profonds, d’où sortent avec une aveugle rage des monstres ténébreux, qui s’emparent de leurs victimes, et commencent sur elles des tortures d’une éternelle durée : il a pu nous inspirer une sorte de curiosité avide et barbare à contempler les expressions effrayantes des peines excessives et d’esprit et de corps : il a su enfin créer un des plus étonnans chefs-d’œuvres que l’art de la peinture ait jamais enfantés. Cette immense conception, où son auteur a déployé sa science profonde dans l’anatomie, et l’extrême énergie de son âme est l’objet continuel des études de tous les dessinateurs de l’Europe.

Michel-Ange est généralement regardé comme le premier des sculpteurs modernes ; quel autre, en effet, pourroit lui disputer ce rang ? S’il n’est pas regardé comme le premier des peintres, ce sont les grâces de Raphaël qui lui ont enlevé cette place ; ainsi la ceinture de Vénus ravit la palme de la beauté à l’auguste reine des cieux.

Qu’on ne s’étonne cependant pas de sa grande supériorité dans ces deux arts à la fois, ils sont les mêmes considérés du côté du dessin ; ils sont les mêmes considérés