été exécuté en mosaïque ; et plusieurs de nous l’ont vu long-temps placé et admiré au palais de Monte-Cavallo. On ne sauroit donner plus de relief aux objets, les offrir avec plus de force de lumière et de couleur qu’il ne l’a fait dans ce tableau plein de vie. On est étonné que ce bel ouvrage, long-temps exposé dans le Salon, maintenant placé dans le Musée, n’ait pas autant de célébrité qu’il en mérite : on s’en étonne moins pourtant, en considérant son sujet. Sans doute la religion, pour la gloire de ses saints, commande les représentations de ces triomphes effrayans, de ces phénomènes de courage et de dévouement ; mais pour l’honneur de l’humanité, elles devroient être proscrites. Quoi de plus honteux pour elle, en effet, quoi de plus repoussant, que le spectacle de deux hommes garrottés ensemble, les pieds liés, les mains liées, et que d’autres hommes, sans danger, sans passion, tourmentent et mutilent à plaisir !
Dans tous les ouvrages de l’esprit, le choix des sujets aide beaucoup au succès et à la célébrité ; le Martyre de Saint Érasme, peint par le Poussin, exécuté en mosaïque dans une des chapelles de Saint Pierre de Rome, n’est connu que des artistes ; son Tombeau d’Arcadie est