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il a mis plus de chaleur et d’enthousiasme.

L’excellence de ses mœurs et de son caractère, la bonté de son âme, sont aussi célèbres que ses ouvrages : cet heureux naturel fait aussi peut-être une partie de leur différence avec ceux des autres peintres qui ont suivi la même route que lui. Sa douceur, sa modération, ses vertus paisibles percent au travers de sa manière forte et rembrunie ; et sa fière vigueur est toujours mêlée d’amabilité. Il est quelquefois très-gracieux, ce qui n’arrive jamais au Valentin et à Michel-Ange de Caravage. Les hommes peuvent cacher leur véritable caractère par des actions, ils ne le peuvent jamais dans leurs ouvrages : Auguste a pu tromper l’Univers pour le mieux asservir ; il a pu être généreux, clément par politique : Virgile, dans ses écrits, n’auroit pu se déguiser ; et dans ses vers harmonieux, sa vertu, la bonté, la douceur de son caractère dévoient se montrer malgré lui avec l’élévation de son esprit. Si Raphaël eut peint les scènes épouvantables du Jugement Dernier, sur les fronts mêmes des esprits infernaux on auroit reconnu les grâces et la beauté céleste de son âme.

Lorsque l’École Française faisoit consister