comme s’ils eussent voulu faire leurs portraits, sans trop penser aux rôles qu’ils devoient jouer. Il est du nombre de ceux dans les ouvrages desquels on reconnoît l’acteur bien plus que le personnage qu’il représente. Ses tableaux ont une physionomie bien différente de celle des tableaux de Michel-Ange de Caravage, de l’Espagnolet, du Valentin, d’Alexandre Véronèse, quoique tous ces artistes aient eu le même but que lui.
Il composoit facilement, mais sans élévation ; l’art disposoit ses ordonnances, et presque jamais le sentiment et l’enthousiasme. S’il avoit beaucoup de chaleur dans l’exécution, il en avoit peu dans la pensée. Cependant ses sujets de dévotion ont souvent de la dignité, de l’onction, et l’on y retrouve la piété de leur auteur. Il avoit quelquefois de l’expression, de la noblesse et une sorte de grandeur ; mais ce ne sont pas les parties qui le caractérisent, et celles dont il s’occupoit le plus. Toute l’énergie de son sentiment se portoit vers l’imitation de la nature. Donner de la rondeur à une surface plate, imiter la saillie des corps, charmer, étonner, tromper les yeux ; voilà quel fut son but presque unique : aussi dans cette partie, est-il un homme extra-