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rappeler ces temps de pompe et de gloire, où sur un même char de triomphe couvert de palmes immortelles, les sciences, les arts et la victoire parcouroient nos villes florissantes. Ses figures ont plutôt la dignité des grands seigneurs vieillis auprès des rois, que la grandeur naïve de la nature. Mais pourquoi le blâmer de nous avoir conservé les traits de cette classe brillante qu’on nomme courtisans, et qui ne peuvent se dispenser d’avoir au moins le masque de la noblesse et de l’élévation de l’âme. Tout ce qui est marquant dans l’univers intéresse la philosophie, et doit être conservé par la peinture. Nous lui devons, au contraire, de la reconnoissance, puisqu’il nous a donné un genre de plus, qui a de l’intérêt par lui-même et par le contraste qu’il fait avec les autres. Eh ! ne sait-on pas que les contrastes sont une des sources de nos plaisirs : ils embellissent l’art ainsi que la nature : auprès d’une sombre forêt, une prairie nous charme davantage ; dans un Muséum, à côté d’un tableau qui nous offre d’innocens bergers, l’image de la paix, du bonheur des campagnes, près d’une vierge de Raphaël, et touchante et céleste, nous nous plaisons à voir un jeune ambitieux, altéré de carnage