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mais la poésie et la peinture ont célébré ce chef-d’œuvre de Zeuxis, où, de la réunion d’une foule de beautés, il forma la beauté parfaite de l’Hélène qu’il peignit pour les Agrigentins. Les poëtes de tous les temps ont chanté, imité même cette belle pensée de Timante, qui, dans le sacrifice d’Iphigénie, peignit le triste Agamemnon se voilant le visage. Ce ne fut pas pour avoir peint une dame à sa toilette, une femme qui pèle des pommes, que Polignote reçut l’honneur d’un remercîment solennel de toute la Grèce, et qu’elle ordonna qu’il lui fût accordé, aux dépens du public, des logemens dans toutes ses villes. Ce ne fut point pour de semblables ouvrages qu’Apelle acquit son immortelle gloire, et que le superbe vainqueur de l’Asie le crut digne d’être son ami. La statue du jeune Tireur d’Épine est regardée comme une des plus vraies de toutes celles de l’antiquité ; combien cependant a-t-elle moins de célébrité que le groupe sublime du Laocoon, que ce Jupiter de Phidias mis au rang des sept merveilles du monde, et que tous ces marbres révérés, où respirent des Dieux sous les plus belles formes humaines. Ô génie ! ô véritable image de la Divinité ! toi seul tu fixes les hom-