considération publique. Ses pensées sont sages et naturelles ; les attitudes de ses figures sont toujours vraies ; elles n’ont aussi rien d’extraordinaire, rien qui étonne. Son dessin est plus savant qu’on ne pense, quoiqu’il le soit moins que celui de l’École Romaine : il n’avoit pas étudié les statues antiques, et s’étoit beaucoup plus attaché à la couleur qu’aux formes de la nature, mais il les voyoit grandement : dans son tableau du Couronnement d’épines, la tête du Christ a la beauté et l’expression la plus noble ; c’est une douleur mortelle peinte sur le front d’un Dieu.
Le tableau du Christ porté au Tombeau, est peut-être celui où l’on voit le mieux les traits distinctifs du talent du Titien ; c’est un de ses excellens ouvrages ; il n’a pas ces élans de l’enthousiasme qui agitent les âmes des spectateurs ; mais il est composé avec une sage dignité ; à la vérité du coloris s’y trouvent réunies celle du dessin et celle de l’expression ; et bien peu de tableaux présentent à la fois autant de différentes beautés.
C’est principalement dans le genre du portrait que le Titien est presque sans reproche et sans rivaux ; c’est là qu’il occupe la première place, que Van Dyck cependant partage