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RAPHAËL.


Dans le beau siècle des arts en Italie, l’Europe plaça Raphaël au premier rang parmi les peintres les plus célèbres ; la postérité, qui ne se trompe jamais, a porté le même jugement, et aucun de ses successeurs n’a pu prendre sa place. En voyant ses ouvrages, par sentiment on le nomme le plus grand des peintres ; en les étudiant, on lui donne encore le même nom par raisonnement. Né avec le génie le plus rare pour la peinture, à l’une des époques les plus favorables aux arts, encouragé par Léon X, qui lui donna de brillantes occasions de se distinguer, entouré des plus belles productions de la Grèce et de Rome, ami de l’Arioste, rival de Michel-Ange, il n’a produit que des choses grandes et nobles.

Un de ses caractères distinctifs, est d’avoir eu dans un degré éminent plus de parties essentielles de son art qu’aucun peintre ; d’autres en ont possédé quelques parties dans un plus haut degré, d’autres en ont réuni davantage dans une force médiocre : ce qui surtout lui donne la première place et met le