une des plus importantes productions qu’on ait de lui au Muséum ; l’ange y vole bien, et s’enfuit brillant d’un éclat céleste : que d’harmonie partout ! que de justesse, de variété et d’expression dans les attitudes, dans les têtes, même dans les mains des figures ! Comme le patriarche prosterné et sa famille tremblante sont bien pénétrés d’une religieuse onction ! Rien n’est parfait encore comme ses deux petits tableaux représentant des Philosophes livrés à de profondes méditations. La couleur de la lumière n’y est point d’un roux affecté, elle y est de la plus exacte vérité : les figures ont l’esprit, l’expression qu’elles doivent avoir ; ce sont des savans occupés de choses au-dessus des intelligences communes : il y a tant d’espace, tant d’air, le clair-obscur y est si bien entendu, qu’ils feroient, je pense, illusion s’ils étoient grands comme nature.
Quand on ne connoît de Rembrandt que ses tableaux, on n’a vu que la moitié de son talent ; c’est dans ses étonnantes gravures où sont peintes particulièrement la finesse et l’énergie de son esprit. C’est là que l’on voit des compositions piquantes par la nouveauté, imposantes par l’effet de la lumière, par la dignité de l’ensemble, et attachantes par l’ex-