pendantêtre bien aise qu’il n’ait pas quitté la Hollande. Sans doute il auroit perdu une partie de cette énergie singulière qui lui donne tant d’intérêt ; il eût fait des femmes mieux coiffées, peut-être plus jolies, mais il n’eût pas créé un nouveau peuple de magiciens qui intéressent tous les hommes, comme les contes des sorciers intéressent tous les enfans. Son esprit étudiant toutes les parties de la peinture, n’auroit pu se livrer sans réserve à celle où son instinct l’entraînoit ; il n’auroit pas été si étonnant, si neuf dans le clair-obscur ; et je doute beaucoup que les hommes y eussent gagné plus de plaisirs ; ils sont principalement avides de nouveautés : et si la perfection même n’avoit pas une physionomie nouvelle, elle seroit pour eux sans attrait. Voilà pourquoi tant d’ouvrages où brille beaucoup d’esprit, difficile assemblage de toutes les règles d’un art, tombent si souvent dans un éternel oubli, après un moment de triomphe.
Quoique Rembrandt ait un dessin bizarre, il a toujours la correction des ensembles, celle des mouvemens des figures ; et ses détails même, quelqu’incorrects qu’ils soient, plaisent beaucoup, parce qu’ils sont pleins d’esprit et de chaleur. Ses attitudes, ses têtes ont l’ex-