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rire et finissent par intéresser beaucoup. Elles ressemblent souvent aussi aux enchanteurs célébrés par les romans ; elles sont placées en des lieux où les ombres de la nuit semblent se mêler aux rayons du jour, ce qui donne à ses productions quelque chose d’extraordinaire, un air mystérieux, magique, et qui séduit ceux même qui les critiquent. On lui pardonne de ne pas peindre la nature que nous voyons, puisqu’il nous en offre une que nous désirerions de voir. La plupart de ses tableaux ressemblent à certaines descriptions poétiques qui n’ont pas une exacte vérité, mais qui ont un merveilleux qui attache : ils inspirent, ils échauffent l’enthousiasme ; et les ouvrages qui exaltent la tête des artistes leur sont aussi nécessaires que ceux qui leur donnent des préceptes. Le forgeron n’a pas moins besoin de son immense soufflet que de son enclume et de ses marteaux.

Beaucoup de gens regrettent qu’un homme si heureusement né pour la peinture n’ait pas voyagé ; qu’il n’ait pas vu les statues antiques et les grands modèles de l’Italie ; il auroit, dit-on, un style plus élevé, il dessineroit plus noblement, plus correctement. En effet, cela n’eût pas manqué d’arriver, et l’on doit ce-