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mers ; quelquefois il l’offre presque effacé sous l’épaisseur d’un brouillard qui donne un nouvel intérêt à la nature, en la laissant à peine apercevoir. Les incendies au milieu de la nuit, ces spectacles ravissans, déchirans, épouvantables, surtout dans un port de mer, il les a rendus avec une effrayante vérité. Souvent il peint la lune éclairant des rives heureuses ; les feux allumés par les matelots font un contraste piquant avec ses rayons argentés ; on aime à les voir se jouer sur la sombre immensité des flots ; on se plaît à découvrir au loin d’ambitieux mortels en de frêles asiles, traversant l’Univers dans le calme des nuits.

Sa belle suite des ports de France suffiroit seule pour faire à un autre une grande réputation : quoique son ardente imagination fut bien plus à son aise au milieu des écueils et des flots en courroux, que dans un chantier ou un arsenal, et devant une longue suite de maisons, il a rendu les ports avec une extrême vérité, et chaque habitant y reconnoît sa demeure : mais il a mis dans ces vastes portraits tout l’intérêt que met toujours le génie, même lorsqu’il copie. Il en a enrichi les devants par des figures dont les