tueux, soit dans leur terrible courroux ; soit lorsqu’ils baignent mollement la rive, ou qu’en masses blanchissantes, impétueux, ils frappent, parcourent les rivages et les rochers, et s’élancent jusqu’aux cieux.
Il a bien rendu l’imposante noblesse des vaisseaux ; si d’autres leur ont donné tous leurs cordages, lui seul leur a donné toute leur âme : quel autre touche autant que lui en les peignant tourmentés par la fureur des vents et des flots ? Leurs agrès, leurs mâts brisés, leurs voiles déchirées, leurs tristes débris ont l’intérêt le plus attachant. Quel peintre de ce genre a mis dans ses tableaux des scènes aussi vraies et aussi pathétiques ? Avec quelle justesse et quelle force d’expression il a présenté les malheureuses victimes du choc épouvantable des ondes ! Souvent, l’astre du jour, le front voilé, ne lance qu’à regret les traits de sa lumière sur ces funestes scènes ; souvent aussi, éblouissant de tout l’éclat de sa magnificence et de sa pompe, il les remplit de toute l’immensité de ses feux ; quelquefois elles ne sont éclairées que par quelques rayons pâlissans de la lune, quelquefois elles le sont par les éclairs et par la foudre.